Un membre d’une paroisse de banlieue où j’étais vicaire m’a dit un jour: « Je ne donne plus à la paroisse parce que je ne veux pas gaspiller mon argent sur quelque chose en train de mourir. » Je me suis empressé de lui dire que ce n’était pas le cas. Certains croient que nous sommes en train de faire du RCR (Réanimation cardio-respiratoire) sur nos communautés chrétiennes, et que cela ne réussira pas; on m’a même déjà dit que nous étions en fait des ‘zombis’ qui s’ignorent, pratiquement des cadavres ambulants… Wow! Même si certains croient que nos communautés sont à l’agonie, je vous assure que ce n’est pas le cas.

Nous sommes fragilisés, bien entendu, par la baisse importante de la pratique religieuse du week-end, et la pandémie que nous traversons nous donne des sueurs froides au plan administratif, j’en conviens. Mais nous sommes toujours bien vivants! Nous paraissons grandement appauvris parce que nous perdons un à un nos lieux de culte; c’est un fait qu’au plan matériel nous sommes dans une profonde transition, qui semble s’accélérer. Ce serait ne pas être réaliste que de nier que la relève se fait rare, en ce qui concerne l’implication active de nos jeunes générations dans l’Église telle que nous l’avons vécue depuis si longtemps.

Mais ce n’est pas la première ‘crise’ de notre Église depuis deux mille ans. C’est normal et même sain. Saviez-vous que la racine du mot ‘crise’ signifie à la fois ‘épreuve, douleur’ et ‘opportunité, moment charnière’? Jésus l’a promis : l’Église ne périra jamais puisqu’elle est le Corps spirituel du Christ et que ce dernier est vivant pour toujours! Nous vivons une période insécurisante, bouleversante même, en Église et en société. Mais cette ‘crise’ s’avère une étape de notre processus d’évolution, et non le début de la fin. Un corps qui ne change plus, qui est figé, où plus rien en se transforme, où il n’y a plus d’échanges avec l’extérieur (comme, p.ex., la transformation de ce que nous mangeons en énergie pour nos fonctions vitales), est un corps mort. Ce n’est pas le cas de l’Église, au contraire.

Nous sommes en processus de redéfinition, de recentrement sur l’essentiel, de retour à notre mission première, qui n’est clairement pas seulement de faire l’entretien de nos bâtiments. Ceux-ci n’existent que pour la mission d’évangélisation, et notre travail premier consiste à trouver ensemble comment mieux transmettre l’héritage de notre foi en Jésus Christ et rejoindre les gens de la nouvelle génération. Nous n’existons pas pour nous-mêmes mais pour le monde. Cette démarche actuelle, tournée vers l’avenir, ne nous permet toutefois pas  de négliger de servir ceux qui nous ont précédés sur le chemin de la foi et ne peuvent plus être aussi actifs. Nous leur devons une fière chandelle, et leur générosité dans l’engagement a fait que nous sommes toujours là aujourd’hui, ne l’oublions jamais. Leur rendre hommage serait de prendre comme eux le flambeau en mains et de continuer à bâtir sur ce qu’ils ont accompli, fidèles aux appels du présent. Ce qui peut paraître un défi insurmontable peut aussi être compris comme un temps passionnant de renouvellement, de nouveau départ, riches de ce que nous avons reçu.

Nos conseils de pastorale et de fabrique travaillent présentement à établir un bilan de santé de nos édifices et de notre communauté, sous la mouvance du Saint Esprit, afin de mieux cerner comment accomplir notre tâche chrétienne dans notre quartier, dans notre milieu, dans les années à venir. Nous sommes bien vivants et désirons entreprendre cette nouvelle étape de notre histoire avec l’apport de chacune et chacun. La prière, l’implication concrète et le partage sont des incontournables dans cet immense chantier qui s’offre à nous. Dans cette campagne de financement annuelle lancée ces jours-ci, nous comptons plus que jamais sur la générosité de tous. L’effort que vous ferez nous permettra de nous donner les moyens, aux plans matériel et humain, de réaliser ce que le Seigneur attend de nous à ce moment-ci de notre existence, temps exigeant mais sans doute béni de notre cheminement de disciples du Christ. Confiance, mes sœurs et frères! Dieu vous bénisse!